Traduction simultanée festival de Cannes Je déconseille de choisir un interprète de conférence. Parce que le cinéma n’est pas forcément son cœur de métier !
Je suis interprète de conférence EN<>FR et c’est bien moi qui écris cet article. Ce n’est pas une commande passée à quelque rédacteur spécialisé en référencement naturel pour faire du clic.
CB
Alors je pourrais me contenter de poser ça là et poursuivre ma journée de travail en vous souhaitant un bon weekend mais voilà le Festival de Cannes approche à grands pas. J’observe les préparatifs avec le plus grand intérêt d’autant que je travaille à Nice depuis 15 ans. Je joue un peu les voyeurs dans la plus grande tradition hitchcockienne du terme. Ai-je mentionné que je suis un grand amateur de cinéma et que mon premier métier consistait à sous-titrer des blockbusters américains au début des années 2000 ? Depuis, j’ai eu la chance, l’honneur, le plaisir d’intervenir au Festival de Cannes. Interpréter à Cannes est synonyme de montée d’adrénaline. Comment être à la hauteur des enjeux pour les équipes qui montent les marches ? comment rendre justice aux propos méticuleusement choisis par un Gaspar Ulliel comme un joaillier sertit des pierres précieuses sur un châssis ?
J’ai débuté sur scène, devant un public chauffé à blanc qui venait d’assister à la projection d’un premier ou deuxième film, sélectionné par le jury de la Semaine de la Critique qui depuis des années sert de découvreur de talents à la sélection officielle. Quel baptême du feu !
Je n’étais pas forcément le plus aguerri des interprètes lorsque j’ai passé ma première semaine au Festival de Cannes.
En revanche, j’avais les connaissances techniques grâce à mon expérience du sous-titrage, ma formation de scénariste, j’ai écrit plusieurs scenarii de court-métrages, je connais les subtilités de l’écriture cinématographique. En gros, j’ai saisi que mon bagage de cinéphile comptait plus que mon expérience d’interprète. Depuis lors, j’ai compris ce qu’attendent les distributeurs de cinéma français, les attachés de presse, les organisateurs du Festival. Ils veulent avant tout de bons connaisseurs du cinéma, des passionnés. Et si en plus, vous êtes un bon interprète alors vous décrochez le premier rôle !
Se mettre à l’écoute des comédiens qui ont travaillé dur sur un long métrage et ont à cœur de le défendre devant la presse internationale : voilà mon défi préféré. Comment faire ?
Oublier tout ce que j’ai appris à l’école de traduction et faire confiance à mon intuition. Comme avec un partenaire de cinéma, c’est un duo, champ contre champ. Si l’acteur, l’actrice, cherche ses mots en anglais, lui glisser un terme discrètement, le valider d’un hochement de tête, d’un sourire. Pas besoin de la ramener. Lorsque l’on sait qu’un junket dure 12 minutes chrono, l’interprète doit se faire encore plus petit que dans l’Aventure intérieure.
A Cannes, mon ego reste à la maison. Je suis là pour servir, pour créer du sens. En retrait, même si fais face à un public, qu’il soit composé de cinéphiles ou de journalistes professionnels !
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