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Traduction professionnelle sans intervention de traducteurs humains ?

Traduction professionnelle bilingue toujours nécessaire mais peut-on se passer des pros ?

Soyons honnêtes, trêve de faux suspense, non, l’ONU a et aura toujours besoin d’interprètes de conférence, de traducteurs, de terminologues. Par ailleurs, les grandes marques dépendent encore des traducteurs à l’oral comme à l’écrit, en simultané, en consécutif, en différé. Et ce, pour leurs rapports annuels, leurs présentations, leurs conventions internationales. Tout du moins pour les cinq ans à venir. Alors pourquoi un tel engouement, pourquoi un tel buzz autour de Skype Translator, de l’oreillette développée par Waverly Labs ?

Parce que cela relève du fantasme. Tous les articles que j’ai pu trouver en anglais ou en français évoquent Star Trek. En résumé, nous voilà revenus à l’époque du roi Salomon qui était célèbre pour parler toutes les langues, même les langues animales. En effet, nous dit la Bible, il pouvait s’adresser à toutes les espèces vivantes.

Ceci posé, vous pourriez me retourner la question. Pourquoi, moi, traducteur interprète de conférence bilingue anglais français avec plus de 15 ans d’expérience, je me soucie de ces innovations technologiques ?

Très simple : je suis curieux. C’est un vilain défaut. Curiosity killed the cat comme dit le proverbe anglais.

 

 

Innovation, adaptabilité sont des qualités propres au traducteur interprète

Je suis curieux et je cultive ma curiosité. Premièrement, mes clients, mes collègues tout le monde me parle de cette révolution linguistique à venir. Alors je me renseigne dans les différentes langues que je maîtrise.  Peut-être suis-je angoissé ? Peut-être. Surtout, avant tout, je m’interroge. Je ne comprends pas comment je fais pour traduire simultanément. Alors qui peut m’expliquer comment un robot maîtrise plusieurs langues de travail, saisit les nuances, reconnaît le contexte adéquat, attrape les jeux de mots au vol, marque les silences éloquents d’un speaker.

Jusqu’ici je n’ai encore jamais testé de système texte voix qui permette un tant soit peu de me remplacer. Et cela n‘a rien à voir avec mes compétences en traduction orale.

Alors, sommes-nous témoins de la mort de la traduction professionnelle ?

Non. En fait, le process n’est pas encore au point. J’insiste sur le pas encore car au vu des progrès réalisés par le Google Translate depuis ses débuts, je suis conscient que cela ne saurait tarder. Quels sont les écueils posés par le passage simultané d’une langue à l’autre ?

Je les ai déjà évoqués au paragraphe précédent. Le premier et le plus important concerne la traduction professionnelle mais aussi l’interprétation de conférence : le contexte. L’appréhension du contexte dans sa globalité. Un traducteur veut toujours savoir de quoi parlera le discours, l’étude de marché, le support sur lequel il va poser ses mots, sa voix. C’est un prérequis indispensable. Impossible de traduire sans savoir dans quel domaine on évolue. Si c’est obligatoire pour nous humains, alors, cela vaut également pour les robots.

Exemple ? Exemple : MICE INCENTIVE

Pour préparer la rédaction de cet article sur la traduction instantanée, j’ai téléchargé et testé l’application Google Translate. Vous l’ignorez peut-être mais vous pouvez désormais scanner le texte à traduire. Pour les besoins du test, j’ai pris l’anglais, langue dans laquelle j’écrivais un texte sur mon métier d’interprète. Mon accroche parlait de MICE acronyme signifiant Meetings, Incentives, Conferences and Events et aussi de INCENTIVE donc deux termes connexes.

Or si l’app a été en mesure de rendre correctement INCENTIVE car en bon français INCENTIVE reste… INCENTIVE ! En français toujours, la proposition de Google pour MICE a été SOURIS.

Trois règles pour bien traduire : 1 le contexte, 2 le contexte, 3 le contexte

Correct mais hors contexte. Dans mon école de traduction, on ne m’aurait pas accordé la moyenne et avec le commentaire infamant de contre-sens. Les souris n’ayant généralement rien à faire avec les événements corporate et encore moins les programmes incentive, sauf à les organiser à Fort Boyard.

Bref, le contexte est l’alpha et l’omega de notre métier de traducteur. Notez bien cela, chers robots.

La terminologie du domaine compte aussi, bien sûr. Là, les mémoires de traduction compilées par Microsoft ou Google peuvent faire merveille. Cependant, l’anglais, par exemple, est une langue plastique qui évolue au jour le jour et qui adore les néologismes, les mots-valises, les créations. Phygital par exemple fusion de physical et digital qui concerne le monde du retail (commerce de détail). Le traducteur-interprète effectue un travail préparatoire quelques jours seulement avant sa mission . Par conséquent, il dispose de son propre glossaire bilingue. Et il est pointu, précis et à jour des nouveautés terminologiques que ne manqueront pas d’utiliser les conférenciers.

Les subtilités humaines du langage

dans subtilités, le traducteur professionnel relèvera l’humour, les digressions, les tics de langage, les hésitations, les raclements de gorge, les temps, les jeux de mots monolingues, les adresses au public, la gestuelle…

En conclusion, n’est pas lost in translation qui croyait l’être, la traduction professionnelle de qualité a encore de beaux jours devant elle.

Prouvez-moi que je suis dans l’erreur dans vos commentaires…

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